OM1 Par Benoît JOURDAIN - 01/03/2011

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HaïtiDix jours après avoir épaté skieurs, supporters et amateurs en étant le premier Haïtien à participer aux Mondiaux de ski à Garmisch-Partenkirchen, Jean-Pierre Roy est revenu à la réalité.

Mais la parenthèse n’est pas refermée et lui n’entend pas s’arrêter là.
Denier sur les pistes, mais premier pour la médiatisation. Jean-Pierre Roy voulait faire parler d’Haïti durant la quinzaine allemande, il y est parvenu. Et pas qu’un peu. Espagnols, Autrichiens, Allemands, Suisses, Tchèques, les journalistes de tous les pays présents sur place se sont intéressés à l’informaticien d’Ile-de-France. Une médiatisation qui l’a poursuivi même les championnats une fois terminés. "Je pensais que j’allais atterrir comme un avion, mais non. J’ai encore eu des appels, je dois retourner en Allemagne pour faire une émission télé", annonce-t-il. L’aventure débutée en octobre dernier est en passe de déboucher sur quelque chose de beaucoup plus grand et Jean-Pierre qui, à la base, ne voulait que prendre du plaisir sur des skis et faire parler d’Haïti est désormais solliciter pour donner son avis sur la situation là-bas.
[...] Pour l’instant, seul le sport l’intéresse. Il s’inquiète d’ailleurs des complications rencontrées pour monter une équipe de ski, digne de ce nom. Car s’il espère revivre les sensations d’une course, il sait aussi qu’il n’a pas le niveau, ni l’âge pour poursuivre son rêve : être présent à Sotchi en 2013 aux Jeux Olympiques d’hiver avec Haïti.


Trop de pression, pas assez de plaisir
Lorsqu’il raconte ses deux courses qualificatives pour le slalom géant et le slalom, on mesure le poids que Jean-Pierre avait et s’était mis sur les épaules. "C’était difficile de se concentrer, de gérer les émotions, surtout lors du slalom géant. Je me suis plus lâché lors du slalom", reconnaît-il. Il regrette encore aujourd’hui de ne pas avoir skié "à son niveau", "j’aurai pu gagner quelques secondes par manche", dit-il. "J’ai voulu trop assurer pour ne pas tomber, je n’ai pas pu me donner à fond contrairement à l’entraînement" explique-t-il.
Résultats, il terminera 99e et dernier des qualifications du slalom géant à 56,88s du premier qualifié et 72e et dernier à +73,55s du 1er qualifié dans le slalom. Les conseils de Thierry entre les deux manches n’auront pas servi à grand-chose car comme il l’explique en rigolant, "je ne pouvais pas retenir plus de deux conseils à corriger, sinon cela faisait trop pendant la course". "Il est bizarre le coach, j’avais l’impression qu’il y croyait plus que moi, il avait oublié le niveau qu’on avait au départ", s’étonne-t-il. Des souvenirs plein à la tête, il s’amuse encore du quiproquo du jour de la course. "J’ai eu droit à une carte pour accéder à la zone de départ, la même qu’obtiennent les partants. Du coup, les personnes qui contrôlaient étaient contentes pour moi, elles pensaient que j’allais descendre, elles me cherchaient sur la liste de départ" raconte-t-il. L’engouement autour de sa personne l’a impressionné, "c’était un truc de fou" qu’il aimerait revivre à travers l’équipe d’Haïti qu’il compte créer.


Où sont les skieurs haïtiens ?
Quand un pays est à reconstruire, trouver des skieurs n’est pas une priorité, surtout quand ce pays se situe dans les Caraïbes, affiche une température moyenne de 26° toute l’année. Les skieurs ne courent pas les rues, mais jean-Pierre a bon espoir de constituer une équipe. "J’ai reçu trois, quatre demandes de licences. Malheureusement il n’y a pas trop de jeunes, mais une mère est venue me voir un jour. Elle m’a dit qu’elle avait adoptée un enfant haïtien et qu’elle vivait dans les Alpes du sud. Le garçon fait donc du ski depuis quelques années. C’est ce qu’il faudrait", s’enthousiasme-t-il. 
Confronter à des problèmes d’assurance, il souhaiterait organiser une course en France et trouver une station d’accueil pour les entraînements. Que de projets donc pour Jean-Pierre qui, par son action et l’écho de celle-ci, pourrait bien être le grand gagnant des Mondiaux…